Générations Y-Z, l’avenir de l’entreprise

Une journée conférence organisée à l’Alimentarium de Vevey, le 25 octobre dernier, se proposait de réfléchir au thème des jeunes générations au travail par le biais de trois éclairages: les métiers de bouche, les espaces de travail et les caractéristiques des générations Y-Z. Des partages riches d’enseignements à prendre en compte dans nos pratiques en formation.

La journée commence par une visite guidée du musée qui s’est transformé pour s’adapter au monde numérique. Puis, en préambule aux conférences, Michel Voisard, l’organisateur de l’événement, fait trois constats:

1. 80% des métiers de demain seraient encore inconnus. On peut donc légitimement pronostiquer que les entreprises et les start-up dans lesquelles ces nouveaux métiers se développeront, auront la charge de leur formation.
2. Pour assurer de la cohérence aux clients, les départements marketing et vente (qui focalisent sur les clients) et RH (qui focalisent sur les collaborateurs) devront à l’avenir, si ce n’est fusionner, tout au moins collaborer plus étroitement qu’aujourd’hui.
3. Enfin, les entreprises gagnantes seront celles qui sauront donner du sens au travail et faire confiance à ceux qui le réalisent.

Philippe Ligron – Food Expérience à l’Alimentarium

Focalisé principalement sur la génération Z, le co-animateur de «Bille en tête» sur RTS évoque son expérience de formateur des «millénials» aux métiers de bouche.
Au contraire du formatage et de la mondialisation alimentaire que nous avons subis au cours des dernières décennies, Philippe Ligron amène ces chefs en formation à une découverte et une réappropriation du «saisonnier» et du «local» (les producteurs et les artisans). Et son enseignement se base sur quelques principes:

– Attiser leur curiosité (p.ex. avec des questions décalées du genre: Pourquoi mettons-nous du sel sur les tables des restaurants? ou encore Pourquoi les couteaux des services en argent ont-ils le bout rond?). Ce qui permet, entre autres, de créer la connexion avec les apprenants.
– Evoquer des exemples vécus pour argumenter, développer et crédibiliser le discours (le pourquoi avant le comment).
– Impliquer cette génération connectée, cette génération du virtuel, car elle aime toucher, faire et s’investir dans le réel (la grande majorité des take away sont créés par des jeunes).
– S’inspirer de leur intérêt pour le social et la responsabilité (p.ex. des établissements où le partage des bénéfices est équitable entre patron et employés). De leur intérêt également à pouvoir créer en toute indépendance.
– Faire confiance. Les millénials tentent, testent et si le résultat n’est pas celui attendu, ils ne s’en formalisent pas et recommencent.

Marie-Pierre Daffini – Des espaces de travail adaptés aux nouvelles générations

Les bureaux fermés, de 50 m2, symboles de l’antre du pouvoir, n’inspirent pas les Y-Z. Il leur faut du sens, de l’inspiration et de la participation.

Marie-Pierre Daffini illustre son propos de quelques diapositives d’ambiance. Par exemple:

– Le hall d’entrée, avec son panneau de présentation des «intra-preneurs» (les collaborateurs avec leurs talents et motivations), les indicateurs analogiques des équipes et les mythes de l’entreprise.
– Le forum «actualité et innovation» qui sert aux rendez-vous des équipes en besoin d’échanges et de partage d’idées, de projets et de propositions.
– La salle des «cailloux dans la chaussure» (station debout), qui sert à résoudre un blocage en compagnie des concernés. Si la solution n’est pas trouvée en 7 minutes, on organise une réunion de résolution de problème.
– Les espaces qui servent au travail individuel, qui demandent discrétion et concentration.
– Ceux de coworking plus ouverts et conviviaux.
– Enfin, des espaces adaptés à la créativité, à l’innovation et à générer de nouveaux mythes.

Jean-Pierre Besse – Regards et éclairages sur la génération Y-Z

Les différences fondamentales entre générations peuvent se résumer comme suit:

Jean-Pierre Besse montre, exemples à l’appui, l’influence de la formation à distance sur Youtube et les apprentissages que ces jeunes générations souhaitent expérimenter.

– Sa fille de 12 ans voulant faire des cupcakes en suivant le film de la recette sur Youtube…mais, ne la regardant pas jusqu’au bout (impatience ou impertinence de l’apprenant – «je sais, j’ai compris») doit s’y reprendre à trois fois pour réussir.
– La passion de son autre fille de 15 ans l’amène à démontrer un principe physique (la densité) à l’aide d’une vidéo qu’elle crée elle-même.
On doit donc, en tant que formateur, se soumettre à l’idée que les apprenants de demain (voire d’aujourd’hui déjà) sont des joueurs de Pokemon Go, qu’ils maîtrisent les TICs et qu’on ne peut plus se permettre de leur donner des modes d’emploi. On doit tenir compte de leurs compétences et appétences:
– Capacité d’adaptation, ouverture d’esprit
– Rapidité de pensée et d’action
– Facilité d’apprentissage
– Forte autonomie
– Originalité
– Parfaite maîtrise des outils technologiques
– Fonctionnement en réseau
– Mais aussi, impatience et dispersion.

Enfin, pour illustrer l’importance des outils numériques auprès des jeunes générations, ceux-ci sont présents tout au long de la manifestation. Avec Padlet, Jean-Pierre Besse fait la démonstration de l’utilité et de la pertinence d’un mur de co-création de contenus. Et durant l’événement, la perception du public est mesurée à chaque instant grâce au prototype d’une webapp «eureu.ch»: un service novateur, commercialisé dès le début de l’année prochaine, destiné aux organisateurs, formateurs et conférenciers pour améliorer l’expérience de leurs participants en temps réel.

Michel Voisard, Membre du groupe de veille Arfor et directeur de Prospectis
michel.voisard@arfor.ch