L’Artisanat, mon plan D ou à vous de choisir la lettre

En tant que coach dans le domaine de l’apprentissage, je demande toujours aux jeunes de choisir au moins deux métiers. Certains jeunes restent bloqués sur un métier et d’autres me disent: «Moi, je suis ouvert à tout. Proposez-m’en un et j’y vais de suite.» Dans ce cas-là, je refuse car les jeunes ont énormément d’enthousiasme au début mais ensuite, cela retombe comme un soufflet.

Dans mon travail, je pousse dorénavant les jeunes dans le monde de l’artisanat car ils veulent tous être employés de commerce, vendeurs, logisticiens… Ils ont leur chance comme tout le monde, mais il faudra bien que l’employeur choisisse parmi tous ces jeunes. Je vous donne un exemple: une toute petite entreprise recherchait un employé de commerce. Ils ont reçu 140 dossiers. Comment et qui choisir? Et je ne vous parle pas des entreprises à réputation nationale ou internationale. Combien de dossiers reçoivent-ils? Quelles sont les chances d’être pris parmi tant de postulations?

Regardons ensemble le tableau des métiers les plus souvent sélectionnés par les jeunes pour le Canton de Berne:

Employé de commerce CFC: 14’250
Gestionnaire du commerce de détail CFC: 5’077
Assistant en soins et santé communautaire CFC: 4’147
Assistant socio-éducatif CFC: 3’170
Installateur-électricien CFC: 2’159
Informaticien CFC: 1’976
Cuisinier CFC: 1’750
Dessinateur CFC: 1’630
Logisticien CFC: 1’618
Polymécanicien CFC: 1’568

Vous avez ici les métiers que les jeunes choisissent le plus souvent en 2015 et cela depuis quelques années maintenant, sans savoir que la concurrence y sera rude.

Donc, si les jeunes veulent avoir une chance d’être apprentis, il leur faut sélectionner un à trois métiers qui les motivent et un ou deux autres qu’ils pourraient découvrir. Les métiers de l’artisanat sont en souffrance et les jeunes le seront aussi s’ils n’ont rien à la rentrée. Mon plan D, mon plan Découverte. Quel avenir dans l’artisanat? Gagneront-ils un salaire suffisant? Pourront-ils travailler jusqu’à leur retraite?

Je réponds ceci: il y a, sans dénigrement, le petit coiffeur qui a sa clientèle de quartier, de village et cela lui suffit et le coiffeur haut de gamme qui vit plus que bien de son travail. De même pour un cuisinier, un vendeur, un électricien, un coach… tout dépend de la personne et de la vie qu’elle veut mener.

Et qu’est-ce que la réussite? Se faire un nom? Simplement, avoir un commerce, une boutique? Etre son propre chef? Tout est relatif et à l’appréciation de chacun.

Je me répète si le jeune ne veut pas rester sans formation, le plan D est la solution, mais cela ne doit en aucun cas être la roue de secours ou le «bouche-trou». Il doit choisir un métier qu’il va apprécier car il y restera 3 voire 4 années, s’il n’y a pas d’AFP (2 années).

Donc, sans plaisir, il n’arrivera pas au bout de sa formation.

Savas Sêngul, Fondateur & coach à ApprentissageAvenir, chroniqueur & interprète
savas.sengull@outlook.com
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